Un article de
Zénon
Chaque fois que je lis ou que j'ouïs le terme "empathie", je suis amené à considérer ma formation "classique" comme une malédiction qu'il me faut payer dans mes vieux jours en ne cessant d'empathir! Pardon! Je voulais dire (vous l'avez compris, bien sûr): "en ne cessant d'en pâtir".
Faudra-t-il finalement que je m'incline devant cette absurdité véhiculée par la faune médicale et paramédicale, les bélîtres de la maternelle journalistique, les cuistres hautes-écoliques et tous
les mécréants mais fervents pratiquants des coquecigrues et chimères du "new age"?
Ma malédiction, en effet, c'est d'avoir appris le latin et le grec classiques tout au long de mon adolescence et d'avoir en sus étudié pendant deux ans l'hébreu, puis encore pendant quatre ans la
théologie médiévale, la philosophie grecque et la philologie romane! C'est un lourd héritage, qui devient aujourd'hui un sérieux handicap.
Em-pathie, cela voudrait dire, si je décompose ce terme hellénomorphe, "souffrir à l'intérieur de soi-même" ou, éventuellement, "souffrir comme l'autre-en-face en étant capable de prendre la
place qu'il occupe à l'intérieur de lui-même et de ressentir des affres identiques". Mais le terme "empathie" n'est jamais utilisé pour parler de soi seul, ce qui veut dire que j'élimine la
première interprétation ("souffrir à l'intérieur de soi-même"). Il ne reste donc que la seconde qui, si l'on y réfléchit, paraîtra une absurdité – ce qu'elle est effectivement – à bien des gens
encore sensés, sinon encensés…!
Dans le sens convivial ou dans celui de l'échange cordial, je ne vois pas qu'empathie dise mieux que le terme de "sympathie". Quant au sens psychologique dans lequel l'utilisent carabins et
morticoles, c'est sûrement une foutaise complète, tant il est vrai que ceux-ci, impatients de toucher leurs honoraires, ne sont pas payés pour se mettre à la place de leurs patients.
Et voilà les patients! Ce sont donc eux qu'avec l'involution du langage actuel il faudra logiquement rassembler d'ici quelques années, non plus dans des hôpitaux, cliniques ou lazarets, mais dans
des mouroirs qui mériteront bien leur nouvelle dénomination de "centres d'empâtisserie".
Mais trêve de plaisanterie: pâtir, c'est subir, c'est souffrir. La souffrance du Christ sur la croix s'appelle la Passion. À eux qui croient pouvoir faire preuve d'empathie en faisant du tourisme
entre le Golgotha et la Vallée de Josaphat, je me permets de rappeler qu'un vrai témoignage de COM-PASSION serait plus opportun.
Pour remettre les pendules à l'heure, le terme de "compassion" (que les dictionnaires donnent pour "vieilli", donc "compassé") est l'équivalent latin du grec "sympathie". Mais le terme
hellénomorphe "empathie" a-t-il un équivalent latin du genre "empassion" ou "impassion"? Non.
On n'ose pas, aujourd'hui, inventer "impassion" parce que gare aux "Romains" qui restent vifs et qui se gausseraient méchamment de nos cuistres modernes! Par contre, on ose "empathie"! Et
pourquoi? Sans doute parce qu'il n'y a plus beaucoup d'Hellènes…
Le site du CNRTL, tout en nous disant que ce terme est introuvable, en indique pourtant un synonyme: identification! Y aurait-il là une faute de frappe? Ne voulait-on pas dire
"édentification"?
Aïe, j'ai mal aux dents, je vais me faire poser une prothèse par le premier dentiste qui me promettra de me mettre sous anesthésie pour me traiter en pâtissier!
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Tyron Veillon (jeudi, 02 février 2017 18:15)
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